Quels sont les principaux compositeurs romantiques? Pourquoi parlons-nous de romantisme en musique ? Nous vous expliquons tout dans cet article, qui fait suite à celui consacré aux différentes périodes de la musique : Les grandes époques de l’histoire de la musique.
Et à celui dédié à la musique baroque : Histoire de la musique baroque.
Petit retour dans le passé et plongée au cœur du 19ème siècle…
L’évènement d’une nouvelle sensibilité
Initée par le mouvement allemand du Sturm und Drang, la période du romantisme en musique s’étend tout au long du XIXème siècle. L’esthétique romantique est caractérisée par des élans passionnés, une sensibilité exacerbée, des sentiments exaltés, un goût très prononcé pour les rêveries, le fantastique et l’irrationnel. Le but : susciter de grandes émotions ! C’est la raison pour laquelle nombreux sont ceux qui aiment la musique de cette époque, elle nous touche directement.
Dans l’histoire de la musique, cette période se divise schématiquement en trois parties :
- le début du romantisme s’étend jusqu’en 1830.
- Son apogée, en 1850
- le romantisme tardif à la fin du siècle qui débouche sur le postromantisme…
Le romantisme n’est pas simplement un courant musical, il existe aussi en littérature, en peinture et s’est développé au XIXème siècle comme un vaste raz-de-marée ! Il se caractérise par une volonté de l’artiste d’explorer toutes les possibilités de l’art afin d’exprimer ses états d’âme : il est ainsi une réaction du sentiment contre la raison, exaltant le mystère et le fantastique et cherchant l’évasion et le ravissement dans le rêve, le morbide et le sublime, l’exotisme et le passé, l’idéal ou le cauchemar d’une sensibilité passionnée et mélancolique.
Aussi, des récits qui évoquent les amours, les passions et les tourments prennent une grande place dans les œuvres musicales romantiques. Les compositeurs s’inspirent pour cela des grands œuvres littéraires, notamment celle de Wolfgang von Goethe et Friedrich von Schiller.
Un héritage classique évident et un orchestre qui s’agrandit
L’influence du classicisme est très visible dans les compositions du début du XIXème siècle, mais les compositeurs repoussent progressivement les limites des formes nées au XVIIIème siècle. La forme sonate notamment est étendue, étirée, détournée et le précurseur, dans ce domaine, s’appelle Ludwig van Beethoven ! Symphonie n°4 de Beethoven :
L’orchestre classique s’étoffe et les musiciens deviennent de plus en plus nombreux en son sein. Les pupitres de cordes passent pratiquement du simple au triple, entre la fin du XVIIIème siècle et le XXème siècle ! Les instruments bénéficient également d’améliorations techniques.
Les compositeurs s’intéressent aussi aux instruments nouveaux mentionnés dans le Traité d’instrumentation et d’orchestration de Berlioz en 1844, aussi bien parmi les cordes, les vents, les cuivres et la percussion, qui vont porter l’orchestre symphonique jusqu’à des dimensions extraordinaires. Pour coordonner tout le monde, le chef d’orchestre devient donc une figure importante sur la scène musicale…
Le sacre du piano et le goût pour la virtuosité
Un instrument prend également une place de choix sur la scène musicale : le piano. Il devient le miroir de l’âme des compositeurs… et trône dans les salons bourgeois. Il est depuis cette époque un incontournable ! Les partitions des opéras et des grandes œuvres symphoniques sont souvent réduites et réécrites pour le piano afin qu’elles puissent être joués dans les intérieurs des particuliers.
La virtuosité devient aussi un maître mot : Les musiciens se démarquent grâce à leurs prouesses techniques : Franz Liszt pour le piano, et Niccolò Paganini pour le violon, par exemple.
Dans les concertos, les cadences – moments où l’interprète peut exprimer toute sa sensibilisé et montrer l’étendue de ses capacités techniques – n’est plus systématiquement improvisée par l’interprète, mais elle est écrite sur la partition, par le compositeur. Les indications sur la partition sont de plus en plus précises.
→ Voir notre article sur l’histoire de la notation instrumentale
Les principaux représentants du romantisme et les écoles nationales
Les compositeurs qui ont marqué cette période sont notamment :
- En Allemagne et en Autriche, Carl Maria von Weber, Franz Schubert, Felix Mendelssohn, Robert Schumann, Johannes Brahms et Franz Liszt…
- En France, Hector Berlioz, Georges Bizet, César Franck, Camille Saint-Saëns, Charles Gounod…
- En Italie, le romantisme est représenté par les compositeurs d’opéra Gaetano Donizetti, Gioachino Rossini, Vincenzo Bellini et Giuseppe Verdi.
Le classement par pays prend tout son sens car le XIXème siècle est aussi le siècle des écoles nationales : les compositeurs puisent dans les musiques traditionnelles de leur pays pour enrichir leur musique de nouvelles harmonies, de nouveaux motifs et de nouvelles couleurs. Les musiciens expriment ainsi leur patriotisme à une époque où les sentiments nationaux s’exacerbent, de nombreux peuples cherchant à gagner leur indépendance ou leur unité :
- L’école russe est formée de 5 musiciens, surnommés le « Groupe des cinq » : Borodine, Moussorgski, Cui, Balakirev, Rimski-Korsakov…
- L’école tchèque avec Smetana, Dvorák, Janacek.
- L’école scandinave dont les représentants les plus connus sont le Norvégien Grieg et le Finlandais Sibelius.
- Mais aussi l’école espagnole avec pour représentants Enrique Granados, Isaac Albéniz, Manuel de Falla, dans un style marqué par des rythmes et mélodies caractéristiques de la péninsule ibérique.
Les musiciens veulent également s’affranchir de l’emprise de leurs commanditaires et mécènes : rois, haute bourgeoisie et églises, pour être plus libres de leurs créations. Ils sont aussi, pour certains, écrivains ou théoriciens, comme Berlioz par exemple. Les échanges entre les disciplines artistiques sont nombreux et très fructueux.
Les genres et les formes de la musique romantique
Des formes ont été héritées des époques précédentes et évoluent avec la sensibilité romantique :
- La symphonie : elle devient plus longue, plus développée, de forme plus libre, avec un orchestre plus important
- Le concerto : lieu de toutes les exubérances virtuoses !
- L’opéra et le drame romantique
- Le quatuor à cordes
Mais apparaissent aussi de nouvelles formes et de nouvelles manières de catégoriser, de qualifier la musique.
S’opposent notamment à l’époque deux manières de concevoir la musique :
La musique absolue ou musique pure : qui est une musique sans texte, sans prétexte extérieur, une musique pour la musique, qui permet d’apprécier la forme-même et le langage de l’œuvre. | Contre | La musique à programme, qui contrairement à la musique absolue, raconte quelque chose et évoque une histoire…Par exemple dans les poèmes symphoniques et la musique dite descriptive (sujets philosophiques, picturaux, littéraires…) |
Le répertoire de la musique romantique accorde, enfin, une place de choix :
- Au lied (pour les textes allemands) et à la mélodie (pour les textes français) : il s’agit de pièces pour voix et piano (parfois pour orchestre) qui mettent en musique un poème.
Les poèmes choisis par les compositeurs traitent souvent des thèmes suivants : l’amour, l’errance et le voyages, la nature qui apparaît comme un refuge à l’artiste incompris, à l’image des tableaux de Caspar David Friedrich :
Ces lieder et mélodies sont souvent regroupés par cycles :
Exemple : L’Amour et la vie d’une femme de Robert Schumann. En allemand : Frauenliebe und Leben Op. 42.
Ecoutez le premier lied du cycle :
et pour suivre la partition : partition en ligne.
Si vous avez besoin de traduction, ce site est extrêmement pratique.
- Aux genres pour piano seul :
Puisque le piano s’est trouvé au cœur de la création des compositeurs de cette époque, les compositeurs ont écrit des sonates, des préludes, des études, des ballades, des nocturnes, des scherzos, des fantaisies, des impromptus, des pièces de danse comme les valses, les mazurkas ou les Polonaises…
Exemple : Les Nocturnes de Chopin par la pianiste Brigitte Engerer
La naissance du saxophone
C’est aussi l’époque où naît un nouvel instrument : le saxophone ! Il est inventé par le belge Adolphe Sax et breveté à Paris le 21 mars 1846.
Pour écouter les saxophonistes en parler :
Adolphe Sax est d’ailleurs un nom à retenir dans l’histoire de la facture instrumentale. Il a cherché inlassablement à perfectionner les instruments de musique, et plus particulièrement les instruments à vent ; il en a amélioré la justesse, la qualité de la sonorité ainsi que la facilité de jeu … Il a déposé 33 brevets !
Pour regarder une vidéo de synthèse sur la période romantique en découvrant des extraits musicaux :
Rédactrice : Calamus Conseil