Peindre avec du son ?

Le soundpainting, littéralement « de la peinture avec du son », mais qu’est-ce que cela peut bien être ?

Pour essayer de comprendre, nous allons jouer au jeu des 7 différences, mais je vais vous demander d’en trouver juste une, dans les photos ci-dessous. À gauche, un orchestre et à droite, un ensemble de soundpainting.

Alors, vous l’avez ? Je vous propose un petit zoom.

Et oui, les pupitres ! Il n’y a pas de pupitres en soundpainting. Et s’il n’y a pas de pupitres, c’est qu’il n’y a pas de partition !

Mais s’il n’y a pas de partition… qu’est-ce qu’on joue ?

Alors non, on ne joue pas ce qu’on veut, enfin pas vraiment, mais on va y revenir dans un instant.

Le soundpainting, un langage de signes

Regardons quand même ce qui est similaire entre les 2 ensembles : il y a un chef d’orchestre, ou du moins quelqu’un qui dirige l’ensemble en faisant des gestes et il y a des musiciens avec leurs instruments. 

L’essence du soundpainting réside justement dans ces gestes, qui sont codifiés. Les musiciens les connaissent et peuvent donc répondre aux directives du compositeur. On parle effectivement de compositeur ou de soundpainter et non de chef d’orchestre (ou conductor en Anglais), car la musique est composée et jouée en temps réel.

Le soundpainting a été créé par un compositeur Américain, Walter Thompson en 1974 à Woodstock, le berceau de la créativité musicale de l’époque.

C’est lors d’un concert qu’il dirigeait que Walter Thompson a inventé des gestes pour guider les musiciens pour faire un accompagnement cohérent d’un solo improvisé. 

Certains gestes ont été immédiatement compris et d’autres un peu moins bien… mais il a pris note de tout cela et a commencé à créer son langage de signes et à l’enrichir au fur et à mesure des années. Il y a actuellement plus de 1500 signes répertoriés.

Quels sont ces signes, comment ça fonctionne ?

Pour indiquer aux musiciens quoi faire, il faut déterminer 4 paramètres : qui, quoi, comment et quand. Par exemple : tout le monde, un son tenu, jouer maintenant.

Si vous avez bien suivi, il manque quelque chose, le “comment”. Effectivement, il peut être omis lors de la commande initiale, et modifié par la suite, par exemple avec un geste de volume. 

Il y a aussi une notion d’espace dans les signes de soundpainting : par exemple, les commandes initiales vont être données sur place, dans une position neutre, puis pour lancer le jeu ou intervenir dessus, le compositeur doit entrer dans la boîte (the Box), qui est un espace virtuel devant lui, d’environ 2 mètres de large sur 1 de profondeur. Aussi, pour varier la hauteur d’une note, le compositeur peut indiquer des hauteurs de son sur une portée imaginaire.

Dans cet example les gestes sont : 

• Tout le monde : les mains en au dessus de la tête, un peu comme le ferait les danseurs,
• Un son tenu : comme si on tirait un fil entre les doigts
• Volume : avec un bras, poing vers le haut, et l’autre main, les doigts en V qui glisse le long du bras,
• Jouer maintenant : avancer dans la boîte en lançant les 2 mains en avant.

Et ça ressemble à quoi, une composition de soundpainting ?

Ça dépend, chaque création est différente, de par le compositeur mais aussi de par les musiciens. C’est une sorte d’improvisation dirigée. Même si le compositeur donne la même suite d’instructions au même ensemble de musiciens, il en résultera des œuvres différentes car tous les musiciens ne vont pas forcément jouer exactement les mêmes notes ou les mêmes rythmes à chaque fois. Parfois, la composition peut être très « contemporaine », parfois beaucoup plus construite et mélodieuse, tout dépend du Soundpainter et des musiciens à l’instant t.

Voici quelques exemples de soundpainting créés lors de nos séjours :

Le soundpainting, en bref

En résumé, le soundpainting est un langage de signes utilisé en musique (et parfois dans d’autres arts aussi, comme la danse, etc), qui permet à un compositeur ou Soundpainter de composer en temps réel une œuvre avec des musiciens. Ces derniers n’ont pas de partition et répondent uniquement aux gestes du compositeur. 

L’avantage principal du soundpainting est qu’il est accessible à tous les niveaux de pratique, des tout débutants aux plus avancés et permet de jouer ensemble en étant dirigé. Il n’y a pas non plus besoin de savoir improviser, c’est le Soundpainter qui le fait. Il suffit juste d’apprendre quelques signes pour pouvoir commencer à s’amuser !

Crédits photo :
Guillaume Le Baube pour Walter Thompson
Cécile Manoha pour les photos Accordissimo