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Notes de Musicien

Le quatuor à cordes

Si vous aimez la pratique collective et qu’il vous est déjà arrivé de pratiquer la musique de chambre, réjouissez-vous car un formidable, mais non moins redoutable, répertoire s’offre à vous : celui du quatuor à cordes.

Le terme de quatuor à cordes renvoie, en fait, à trois choses : 

a) Il désigne l’association de quatre instruments à cordes frottées : deux violons, un alto et un violoncelle. On dit ainsi d’une œuvre qu’elle est écrite pour quatuor. 

b) Il désigne, par extension, un genre musical, on parle alors par exemple du Quatuor opus 131 de Beethoven. Cette acception du terme renvoie alors à une forme particulière régie par  des règles de composition spécifiques.

c) Il désigne, enfin, un groupe de musiciens ayant décidé de se consacrer à ce répertoire. On parle ainsi de l’interprétation du Quatuor Modigliani par exemple.

Un quatuor à cordes en cours de musique de chambre © Cécile Manoha

La genèse du quatuor et Papa Haydn 

Au XVIIIème siècle, certains compositeurs se mettent à écrire pour ces quatre instruments de la même famille. Leurs timbres boisés et chaleureux se marient merveilleusement bien et cette association permet surtout de couvrir un ambitus extrêmement large : du do grave du violoncelle aux notes les plus aigües du violon. De quoi ouvrir de belles perspectives ! 

Dès les années 1760, on commence à parler de quartetti et de divertimenti… Mais, si l’on dit traditionnellement que c’est à Haydn que l’on doit la naissance du quatuor à cordes, c’est parce que ce dernier a développé le genre en se fondant sur l’équilibre de quatre voix indépendantes, égales en importance mais fortement imbriquées. Il a écrit 68 quatuors et lorsque l’on examine toute cette progression, on voit réellement le genre se former et se consolider. Adieu la basse continue et la répartition des voix établie à l’époque baroque ; les quatre voix du quatuor vont progressivement devenir égales et c’est cet équilibre qui est le fondement du genre… 

Le quatuor prend également à l’époque classique une forme spécifique, à 3 puis 4 mouvements : un allegro de forme sonate puis un mouvement lent, un 3ème mouvement plus dansant, et un quatrième, plus rapide… L’ensemble de ces parties constitue l’œuvre dans son intégralité, c’est la raison pour laquelle, lors d’un concert, le public n’applaudit pas entre les mouvements. 

Contemporain de Haydn, Mozart est, quant à lui, l’auteur de 23 quatuors. Il admirait beaucoup ceux de Haydn et il lui en a d’ailleurs dédiés. Certains portent des surnoms, comme « Le quatuor des dissonances » célèbre pour les harmonies complexes des premières mesures, « La Chasse » ou « Le Printemps ». Les trois derniers sont dédiés au roi de Prusse, qui était violoncelliste, raison pour laquelle le violoncelle y joue un rôle prépondérant.


Les quatuors de Beethoven, un sommet dans l’histoire de la musique 

Beethoven a écrit 16 quatuors et ils forment un sommet dans l’histoire du genre. Son premier recueil de six quatuors (opus 18) témoigne d’une grande maîtrise de l’écriture, mais reste stylistiquement proche des quatuors de Haydn. La révolution interviendra avec les trois quatuors « Razumovski » (opus 59). Beethoven y fait exploser le moule classique : il étire les formes, allonge les développements, accentue les nuances, élargit l’ambitus vers les graves comme vers les aigus, et joue dramatiquement avec les effets de répétitions. Il atteint une forme de plénitude de sa deuxième période créatrice avec l’opus 74 « les Harpes ». Une seconde rupture intervient avec l’opus 95. Plus courte, plus concentrée que les précédentes, cette œuvre est d’une incroyable modernité. 

Les derniers quatuors sont de formidables chefs-d’œuvre : c’est à eux que Beethoven a consacré l’essentiel de ses dernières années, après avoir achevé sa Neuvième symphonie et alors qu’il était sourd. Un mythe ! Quatuor n°14 Opus 131 de Beethoven par le Quatuor Takács :

Petit récapitulatif : 


Le quatuor à l’époque romantique et à l’époque moderne

L’ombre de Beethoven a plané sur les musiciens des générations suivantes : Schumann, Mendelssohn, Brahms et surtout Schubert qui est l’auteur de 15 quatuors… mais leurs quatuors sont, malgré tout, de grandes œuvres, denses et émouvantes. Le quatuor romantique s’inscrit aussi dans la querelle qui a divisé les compositeurs à l’époque : les tenants de la musique pure (Eduard Hanslick) et les défenseurs de la musique à programme (Liszt, par exemple). Le quatuor représente pour les partisans de la musique pure le genre noble par excellence : l’écoute d’un quatuor est synonyme de contemplation des formes musicales pour elles-mêmes, par opposition à une écoute qui serait guidée par un poème, une histoire ou un texte. Seule compte la beauté de la forme et l’aboutissement dans l’écriture. 

Au début du XXe siècle, le quatuor à cordes est devenu pour certains compositeurs, comme Arnold Schönberg, Alban Berg, Anton Webern, Maurice Ravel, Béla Bartók et Claude Debussy, un terrain propice aux expérimentations, une sorte d’étape-clef dans la recherche d’un idéal en matière de composition musicale. 

Quatuor de Ravel par le Quatuor Hagen :


Le quatuor à l’époque contemporaine 

Le quatuor a continué de fasciner les compositeurs ; le répertoire s’est considérablement enrichi au XXème siècle, notamment avec Pierre Boulez et son Livre pour quatuor à cordes, mais aussi György Ligeti, Elliott Carter, Alfred Schnittke en Russie, Helmut Lachenmann en Allemagne, Luciano Berio en Italie, Brian Ferneyhough en Grande-Bretagne, Philippe Fénelon et Philippe Hersant en France…

Depuis sa naissance sous la plume de Haydn, ce genre a fasciné, intimidé, stimulé les plus grands musiciens. Aujourd’hui, chacun innove, expérimente, consolide son propre style, explorant toutes les potentialités du genre, notamment timbrales et acoustiques. En écoutant ces pièces contemporaines en concert, l’aspect physique du quatuor devient évident, notamment lorsqu’elles nécessitent un engagement du corps très important. Quatuor n°1 de Ligeti :


Côté interprètes : l’étape nécessaire des concours et festivals 

De nombreux jeunes musiciens décident, à leur sortie du conservatoire, de consacrer leur vie professionnelle au quatuor à cordes, tant le genre est riche et fascinant. Pour y parvenir et faire carrière, l’étape des concours est obligatoire. Se rendre à ces évènements est toujours un moment passionnant et très formateur pour un musicien amateur. Certaines master-classes sont également publiques. En France, par exemple, il  existe notamment : 

  • le concours international de quatuor à cordes de Bordeaux (ex Évian),
  • la Biennale de quatuors à cordes de la Cité de la musique à Paris,
  • le festival international de quatuors à cordes du Luberon, en Provence.

Vous avez envie de vous plonger dans ces œuvres, vous avez l’embarras du choix. Dans son Répertoire universel du quatuor à cordes, Francis Vuibert en a en effet répertorié plus de 26 000 ! 

Pour aller encore plus loin, consultez tous les ouvrages de Bernard Fournier aux éditions Fayard : https://www.fayard.fr/musique/lesthetique-du-quatuor-cordes-9782213605074


Rédactrice : Calamus Conseil

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