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Notes de Musicien

Vous avez dit baroque ?

Caractéristiques et esthétiques de la musique baroque

Nous vous expliquons dans cet article les caractéristiques de la musique baroque. Première chose à savoir, on appelle baroque, la musique écrite entre 1600 et 1750 environ : de la naissance de l’opéra à la mort du grand Jean-Sébastien Bach. On parle donc ici d’un siècle et demi de musique,  avec ses innovations fascinantes sur les plans harmonique, mélodique et rythmique, ses nouveaux genres musicaux et ses évolutions concernant la facture instrumentale.


Au commencement était la basse continue 

La musique baroque présente une division spécifique de l’espace sonore. Cela a l’air complexe au premier abord, mais lorsque l’on examine la partition les choses s’éclaircissent : les rôles sont précisément distribués. L’harmonie est assurée par ce qu’on appelle une basse continue, souvent jouée par le clavecin, l’orgue, ou le théorbe. À partir de cette charpente harmonique stable, les voix du dessus (violons, flûtes, voix..) peuvent s’épanouir librement. Pour réaliser ce continuo, il faut savoir lire la basse chiffrée, comprendre le chiffrage des accords et acquérir quelques réflexes pour bien la réaliser :

https://www.youtube.com/watch?v=TeOcYVJiT6Uu0026t=190s

 Des émotions à fleur de peau : théâtralité et contrastes 

La musique baroque est surtout synonyme de théâtralité, de sentiments puissants, de grands airs et de musiques bouleversantes. Si elle nous émeut autant, c’est en partie parce que pour représenter musicalement les émotions, elle joue avec les contrastes : notes tenues/notes courtes ; graves/aiguës ; harmonies sombres/harmonies lumineuses ; mouvements rapides/les mouvements lents (en alternance) … 

Les compositeurs de l’époque s’attachent aussi à représenter en musique les mots des poèmes ou des livrets d’opéra. De nombreux effets vocaux et instrumentaux permettent de frapper l’imagination en figurant par exemple le tonnerre, la colère, les vagues, les soupirs, la tempête, la passion, l’effroi, la douleur, les larmes qui coulent… On appelle cela des figuralismes.


Des ornements et des variations

Qui dit baroque, dit mélodies ornées. Lorsqu’on est interprète, on se doit de connaître tout un catalogue de différents ornements pour agrémenter la ligne mélodique. Les termes qui les désignent sont très poétiques, on parle de coulé, de port de Voix, d’accent, de tremblement, de flatté, de passage, de diminutions, de coulade, de sanglot… 

Au XVII et XVIIIème siècle, tout cela était évident, implicite, donc ce n’était pas indiqué sur la partition. Mais, pas de panique, les réflexes s’acquièrent au fur et à mesure, en côtoyant assidûment ce répertoire. Plusieurs traités de l’époque servent également aujourd’hui de guides.

Un parallèle avec la peinture peut aussi être inspirant de ce point de vue, regardez les peintures ou les façades des architectures dites baroques, elles regorgent de détails, de formes, de volutes, de décorations… Autour des lignes de force, des colonnes et des formes structurantes, l’artiste orne, décore, fait tournoyer, créé du mouvement.  Il s’agit de la même esthétique. Vous souhaitez plus de détails ? Vous pouvez parcourir ce petit livre de Philippe Beaussant


Des instruments anciens au timbre singulier

La musique baroque, c’est aussi une sonorité particulière, car des instruments sont spécifiquement associés à cette époque. C’est leur âge d’or ! Certains, en effet, seront progressivement délaissés ensuite au profit d’instruments plus modernes et plus puissants. En voici une liste non exhaustive : la flûte à bec & Le cornet à bouquin, le clavecin, l’orgue, le luth & son cousin : le théorbe et la famille des violes de gambe… Cordes en boyaux, archet à la forme plus allongée ; les spécificités sont nombreuses en ce qui concerne la facture des instruments !

Pour approfondir cet instrumentarium baroque :

Thomas Dunfort jouant du Théorbe

Des genres musicaux associés à cette esthétique

De nombreux genres sont créés pendant cette période : certains atteignent leur apogée (la suite, le concerto grosso…) pour ensuite tomber dans l’oubli, d’autres seront encore privilégiés par les compositeurs au-delà du XVIIIème siècle : l’opéra, la sonate, le concerto de soliste…. 


7 grands compositeurs de cette période et quelques conseils d’écoute 

Plongez dans ce répertoire, repérez la basse continue, dégustez ces ornements, repérez les figuralismes, apprenez des airs entiers… 

Antonio Vivaldi
Antonio Vivaldi

La redécouverte de ce répertoire et quelques grands interprètes 

Les musiciens n’ont pas toujours joué de la musique baroque ! Ces œuvres ont été progressivement redécouvertes par des historiens et musicologues. Le clavecin a ressuscité au début du XXe siècle sous l’impulsion de Wanda Landowska, par exemple.  

Ce répertoire est redevenu à la mode, notamment à partir des années 1970. À cette époque, Gustav Leonhardt, Nikolaus Harnoncourt, et des chefs et interprètes tels que Jean-Claude Malgoire, John Eliot Gardiner ou Sigiswald Kuijken, Trevor Pinnock, James Bowman introduisent des instruments anciens, modifient le diapason, remplacent les femmes par des enfants dans les chœurs, pour partir à la recherche du son perdu, du son de cette époque particulière. 

Puis, de nouveaux musiciens spécialistes sont apparus sur la scène internationale : William Christie, Philippe Herreweghe, René Jacobs, Gérard Lesne, Jordi Savall, Christophe Coin… et dans les années 1990, Marc Minkowski, Hervé Niquet, Christophe Rousset, Hélène Clerc-Murgier, Philippe Jaroussky… Désormais, à chaque génération d’artistes, ses musiciens baroques de talent ! 


La battle : Interprétation moderne contre interprétation d’époque

Mais alors doit-on jouer Vivaldi et Bach sur des instruments d’époque ? Peut-on travailler ce répertoire avec des instruments modernes ? Le débat est ouvert depuis des décennies… Ce qu’il faut retenir, c’est qu’une interprétation baroque présente un certain nombre de caractéristiques : 

  • L’œuvre est jouée avec les instruments de l’époque ; 
  • L’œuvre est jouée les tempi de l’époque (souvent plus rapides) ; 
  • L’œuvre est jouée avec les diapasons supposés de l’époque ; 

Au XVIIème siècle, en effet, le diapason utilisé était variable en fonction des lieux, souvent déterminé par la longueur des tuyaux de l’orgue de l’église ! Mais il était dans tous les cas plus bas que notre la d’aujourd’hui, en dessous de 440 Hz.  Choisissez une œuvre que vous aimez beaucoup et comparez une version d’époque et une version moderne, ce sera un excellent moyen de synthétiser tout ce que vous venez de lire !


Rédactrice : Calamus Conseil

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