Tutu, ballerines, virtuosité des danseurs et musique romantique : on vous explique l’essentiel de Casse-noisette ! Il fait partie des ballets les plus célèbres de l’histoire et soulève encore aujourd’hui l’enthousiasme. Il s’agit en réalité d’un ballet-féerie, un genre romantique. La partition musicale est signée Piotr Ilitch Tchaïkovski. La forme-même de l’œuvre est très segmentée : deux actes, soit trois tableaux et 15 scènes.
Qu’est-ce qu’un ballet ?
Avant de se plonger dans cette œuvre, qu’est-ce qu’un ballet ?
Le ballet est un genre dramatique dont l’action est figurée par des pantomimes et des danses. Ses origines remontent à la Renaissance italienne. Né dans les cours d’Italie, le ballet a reçu ses lettres de noblesse en France, puis en Russie. Au XVIIe siècle, le développement important du ballet à la cour de Louis XIV explique l’origine française de la plupart des termes de vocabulaire de la danse.
Selon les époques, les pays et les courants, le spectacle chorégraphique peut intégrer de la musique, du chant, du texte, des décors, voire des mécanismes de machineries. C’est un genre très mouvant !
D’un point de vue structurel, il peut être organisé de deux manières :
- soit en une succession de « numéros » ou « entrées » : des danses s’enchaînent les unes après les autres comme autant d’épisodes distincts.
- soit en continu
La naissance de Casse-Noisette
Tchaïkovski compose la musique fin février, fin juin et début juillet 1891, à Frolovskoye, Rouen, et à Maïdanovo où il fait également l’orchestration entre janvier et mars 1892. La partition est terminée début avril.
Le 18 décembre 1892 au théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg, la création de Casse Noisette est dirigée par Riccardo Drigo. Le ballet devait présenter la chorégraphie de Marius Petipa, , mais finalement, elle est créée par son assistant Ivanov, à cause des problèmes de santé de Petipa, avec :
- Stanislava Belinskaïa dans le rôle de Clara
- Antoinetta Dell-Era dans celui de la fée Dragée
- Pavel Gerdt dans celui du prince Orgeat
- Sergueï Legat dans celui de Casse-Noisette
- Timofeï Stoukolkine dans celui de Drosselmeyer.
Si vous souhaitez plus de détails en replaçant cette œuvre dans la vie du compositeur russe, cliquez ici.
De quoi parle ce ballet ?
Il s’agit d’une adaptation de la version d’Alexandre Dumas du conte allemand Casse-Noisette et le Roi des souris d’Ernst Theodor Amadeus Hoffmann, publié en 1816.
Une petite fille, Clara, reçoit à Noël un casse-noisette en bois, qui a la forme d’un petit bonhomme. La nuit, les souris attaquent les jouets que Clara défend avec vigueur. Le casse-noisette se transforme alors en prince charmant, et entraîne Clara dans son royaume, celui des sucreries. La fée Dragée organise de grandes fêtes pour recevoir les deux visiteurs : de nombreux numéros de danse se succèdent devant eux, exécutés par les sujets de ce royaume magique.
Deux numéros à découvrir en priorité
Trepak – Danse russe
Pour cette danse, très brève et très rapide, Clara et le casse-noisette sont dans le pays des délices. C’est la quatrième des danses offertes aux deux visiteurs. On entend d’abord le premier thème, très rapide, joué quatre fois par les cordes. Le tambourin, qui intervient dès la troisième apparition du thème, en accentue le caractère vif et dansant. Un deuxième thème, dans le même esprit que le premier, est très brièvement entendu. Puis une petite transition mène à nouveau au premier thème, qui termine la pièce dans un crescendo et un accelerando étourdissant :
Danse de la fée Dragée
La fée Dragée danse seule pour Clara et le casse-noisette, en visite au pays des délices. Il s’agit là aussi d’une danse courte, d’atmosphère complètement différente du Trepak : plus mystérieuse et secrète. Elle débute par une très courte introduction, jouée en pizzicatos par les cordes. Le thème principal apparaît, joué par le célesta dans un registre aigu, et ponctué par les interventions dans le grave de la clarinette basse. S’ensuit un jeu de question-réponse entre le célesta, accompagné des bassons et clarinettes, et les altos, cors et cor anglais. Une courte transition, où le célesta égrène seul de délicats arpèges, amène le retour du thème principal qui clôt la danse :
Pour aller plus loin, parcourez la partition complète et regardez une version filmée en entier (Opéra de Dresde) :
Ou cette autre version (Noureev- Paris 2007) :
Pour se repérer, voici la structure complète du ballet, très utile notamment si vous n’en visionnez que certains segments :
Ouverture miniature
Acte I
- Premier tableau
1. La Décoration de l’arbre de Noël – Entrée des invités
2. Marche
3. Petit galop des enfants – Entrée des parents
4. Arrivée de Drosselmeyer – Distribution des cadeaux
5. Le Casse-Noisette – Danse du grand-père
6. Scène – Départ des invités – Nuit – Clara et le Casse-Noisette
7. Scène – La Bataille
- Deuxième tableau
8. Scène – Une forêt de sapins en hiver
9. Valse des flocons de neige
Acte II
- Troisième tableau
10. Le palais enchanté du Royaume des Délices
11. L’arrivée de Casse-Noisette et de Clara
12. Divertissements :
I. Chocolat – Danse espagnole
II. Café – Danse arabe
III. Thé – Danse chinoise
IV. Trépak – Danse russe
V. Danse des mirlitons
VI. Mère Gigogne et les polichinelles
13. Valse des fleurs
14. Pas de deux – Danse du Prince et de la Fée Dragée
I. Andante maestoso
II. Variation pour le danseur – Tarantelle
III. Variation pour la danseuse – Danse de la Fée Dragée
Coda
15. Valse finale et apothéose
Quels sont les instruments de l’orchestre et que dire de la musique de Tchaïkovski ?
La partition de Casse-Noisette est sans doute une des plus célèbres de Tchaïkovski. Elle s’inscrit dans la grande tradition romantique et contient quelques-unes des mélodies les plus utilisées à la télévision ou dans les films.
→ Voir article sur la musique romantique
Tchaïkovski utilise l’orchestre symphonique traditionnel dans un format assez imposant :
- Bois : 3 flûtes (la 3e prend le piccolo), 2 hautbois, 1 cor anglais, 2 clarinettes (en si bémol et la), 1 clarinette basse (en si bémol), 2 bassons
- Cuivres : 4 cors (en fa), 2 trompettes (en la et si bémol), 3 trombones (2 ténors et 1 basse), 1 tuba
- Percussions : timbales, grosse caisse, cymbales, tam-tam, tambourin, castagnettes, triangle, glockenspiel, célesta
- 2 harpes
- Et les cordes de l’orchestre symphonique romantique traditionnel : Violons 1 et 2, altos, violoncelles et contrebasses.
- Un chœur : chœur de 24 voix d’enfants ou de femmes (avec de préférence 12 sopranos et 12 altos)
- Pour les jouets : hochet, trompettes (en ut), tambours, coucou (en ut), caille (en ut), cymbales.
Il y ajoute donc des instruments inhabituels comme le célesta qu’il vient de découvrir à Paris lors de l’un de ses voyages. Il est l’un des premiers compositeurs à utiliser cet instrument en Russie…
Pour en savoir plus sur le célesta :
Il s’agit donc pour le compositeur de trouver au sein de l’orchestre des couleurs pour raconter cette histoire en créant des atmosphères changeantes, magiques, tantôt cristallines, tantôt boisées, tantôt chaudes, tantôt métalliques. Une belle leçon d’orchestration !
Quelques versions chorégraphiques postérieures…
De très nombreux chorégraphes ont proposé leur propre version de Casse-noisette, en voici une petite liste… non exhaustive ! C’est la raison pour laquelle il est toujours précisé, sur le programme, outre le nom des danseurs, le nom du chorégraphe.
- George Balanchine (1954) pour le New York City Ballet
- Rudolf Noureïev (1967) pour le Ballet royal de Suède
- Maurice Béjart (1998)
- Jeroen Verbruggen (2014) pour le Grand Théâtre de Genève, qui propose une version complètement revisitée contemporaine.
- Dmitri Tcherniakov (2016) pour l’Opéra Garnier, Paris. Chorégraphies d’Arthur Pita, d’Edouard Lock et de Sidi Larbi Cherkaoui,.
… Le mieux, c’est encore d’aller le voir en vrai, ce ballet !
Rédactrice : Calamus Conseil
Une réponse
Je n’ai qu’un mot à dire MERCI
pour toutes ces précisions, explications.
Deplus, j’ai découvert le Célesta (magnifique instrument) quel joli son, j’adore.
Tout m’a plu.